Face à la non présence d’un outil unique permettant de prendre en compte l’ensemble des paramètres techniques décrits ci-avant dans l’état de l’art du 1.5 ainsi que les aspects déontologiques liés à l’utilisation du virtuel pour le patrimoine qui sont usuellement oubliés, ce projet de recherche RéSeed veut apporter une réponse.
Notre technologie ReSeed s’inscrit dans l’approche globale couvrant le processus de patrimonialisation dans son intégralité :
- Depuis la captation des traces de l’objet : il s’agit ici de capturer et stocker des éléments de type 3D, documentations, analyses, archives…. Deux processus sont mis en parallèle : la capacité à numériser l’objet et la possibilité de capitaliser les connaissances associées pour permettre son analyse et sa compréhension.
- En passant par la modélisation numérique de l’objet physique pour un traitement et une exploitation à des fins d’expertise et de chaînage des connaissances. Il s’agit ici de mettre en lien les éléments entre eux, par la mise en place, par exemple, d’un “container de connaissances” : associer la documentation et les archives à la géométrie, au fonctionnement de l’objet.
- Jusqu’à sa conservation et sa valorisation par la visualisation et l’exploitation des données à des fins de transmission et de médiation. Il s’agit d’exploiter le container de connaissances à différents niveaux : de la médiation pour le grand public, à l’outil d’analyse pour la recherche en histoire, en passant par l’amateur curieux ; et dans différentes situation : sur site patrimonial, en musée, à distance…
Les pratiques actuelles déroulent usuellement ces 3 étapes de façon indépendante ; les finalités en résultant sont donc en général de type “one shot” sans permettre une réutilisabilité des démarches et outils. Il convient donc de mettre en place des directives méthodologiques pour une conservation et une valorisation scientifique pérenne de notre patrimoine.
Le verrou scientifique majeur réside dans l’inter-opérabilité de ces 3 phases, souvent cloisonnées.
La réponse apportée est une proposition novatrice. Au lieu d’utiliser seulement les données 3D (CAO, nuages de points…) liés à un modèle produit figé, RéSeed va tout d’abord définir un modèle sémantique de l’objet sur lequel seront attachées les données 3D. Pour autant, le projet ne consiste pas dans le seul agrégat de plusieurs méthodes existantes comme l’analyse fonctionnelle et l’analyse géométrique, il s’agit de définir un nouvel outil et un nouveau format : une enveloppe digitale porteuse de sens sur laquelle une représentation virtuelle 3D peut être attachée si elle existe.
Au regard des modèles utilisés dans le monde industriel, l’approche développée vise à aller au-delà de la simple maquette numérique. En effet, re-concevoir virtuellement une œuvre d’art, un monument historique ou un objet patrimonial avec de “belles surfaces bien maillées” ou des “volumes finis” serait, d’un point de vue épistémologique, une véritable erreur. La re-modélisation 3D d’un artefact passé n’est plus l’objet patrimonial d’origine, objet unique, porteur de sens et d’émotion.
Afin de résoudre cette difficulté, l’enjeu de ce projet ANR consiste à intégrer une nouvelle phase entre les étapes 1 et 2 afin d’élargir le spectre des possibilités de l’étape 3.
Nous ne nous positionnons pas comme prestataire de numérisation 3D (permettant d’obtenir un nuage de points en 3D) mais comme concepteur-réalisateur d’outillages permettant de structurer les modèles 3D grâce aux sources hétérogènes.
La proposition de RéSeed consiste à créer un modèle structuré d’accès aux connaissances patrimoniales issues notamment du nuage de points. Il s’agit là d’un outil inter-opérable nouveau mais nécessaire pour permettre une mise à disposition des informations 3D segmentées sémantiquement. Ce nouveau format deviendra alors un outil d’expertise pour répondre au paradigme patrimonial : connaissance, protection, restauration, valorisation. Aussi, le consortium veillera à inscrire ces travaux dans les nouveaux modèles économiques contributifs induisant des formats OpenSource ; l’objectif étant de favoriser le multi-vue par l’appropriation, l’alimentation, la lecture… des connaissances.
La figure ci-dessous schématise les apports de la proposition RéSeed aussi bien sur la vue Produit que sur la vue Processus trans-disciplinaire.
Le deuxième verrou scientifique du projet RéSeed est lié aux indicateurs garantissant l’authenticité et l’unicité des objets patrimoniaux. Proposer des méthodes et des outils pour structurer la numérisation 3D des objets patrimoniaux afin d’améliorer les formes de conservation et de valorisation nécessite de prendre en compte l’objet dans son intégralité : tant dans sa matérialité physique que dans le sens et la fonction qui le transcende. Le processus de digitalisation doit être piloté par des indicateurs spécifiques permettant le suivi de l’intégrité de l’objet numérique.
Contrairement à l’industrie manufacturière, ces indicateurs ne sont pas que quantitatifs mais peuvent aussi être qualitatifs : authenticité et unicité seront la garantie de validité de l’outil RéSeed.